Le risque sans le rendement : ils prennent votre épargne pour de l’essui-tout

18 10 2019
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Mon cher lecteur,
 
Je vous parlais dans ma dernière vidéo d’une catégorie particulière d’obligations bancaires : les non-preferred senior bonds ou NPS.
 
Ce nom ne veut strictement rien dire et c’est fait exprès, croyez-moi.
 
Ces NPS ont été créées en France avec la loi Sapin 2, fin 2016. Le temps de faire passer les décrets d’application et de créer les produits, cela ne fait que deux ans que ces produits commencent à aparaître.
 
Avant ces NPS, il y avait de la dette junior et de la dette senior. 
 
En gros, la dette junior est assimilée aux fonds propres. Pas la dette senior.
 
Assimilé aux fonds propres signifie qu’en cas de problème ou défaut de paiement vous êtes traité comme un actionnaire : c’est vous qui payez.
 
Or, les NPS sont de la dette senior assimilée aux fonds propres.
 
C’est de la dette junior qui ne dit pas son nom et qui n’en a pas le rendement !
 
D’ailleurs les pros appelle cela de la dette senior junior
 
Dans le langage feutré des tristes encostumés qui nous dirigent on dit que les NPS sont éligibles au TLAC.
 
Qesaco ?  
 
TLAC est encore un vilain acronyme qui signifie «Total Loss Absorbing Capacity » ou Capacité Totale d’Absoption des Pertes.
 
Ces gens prennent votre épargne pour de l’essui-tout destiné à nettoyer les débordements des banques.
 
Le TLAC est une «solution» censé permettre la mise en œuvre des fameux  bail-in et. Elle est en phase d’adoption depuis le début de l’année… Et doit faire passer les fonds propres des banques de 12 à 18%. Les NPS sont une composante majeure de cette mise en œuvre :
 
Ils vous refilent le mistigri, et vous devenez le dindon, celui qui paie les bail-in inventés par Bruxelles mais jamais appliqués- car non-applicables-… jusqu’à présent.
 
Et cela marche, les NPS se négocient aujourd’hui à peine plus cher que les obligations senior conventionnelles.
 
Avec les NPS, vous avez le risque, sans le rendement.
  
Mais les NPS sont du Canada Dry, du faux, du trompeur, c’est une insulte à votre intelligence. Certes pas la première.
 
J’avais déjà écrit un article sur les NPS au mois de Mars dernier. Je le reproduis ci-dessous. 
 
Les grandes banques profitent de leur situation dominante pour vous prendre en otage, mais vous n’avez pas à vous laisser faire. Il n’est pas si compliqué de résister.
 
À votre bonne fortune,
 
Guy de La Fortelle
 

NPS : Fuyez la dernière innovation des banques

 
 
 Mon cher lecteur,

 
Les banques européennes ont un problème : elles ne sont pas rentables.
 
Et quand je dis « les banques européennes », c’est bien l’ensemble du secteur qui n’est pas rentable.
 
C’est vous dire l’étendue du problème
 
Pourtant, BNP-Paribas, Crédit Agricole et Société Générale ont généré plus de 60 milliards de bénéfices ces 3 dernières années.
 
Mais l’activité d’une banque ne se mesure pas tout à fait comme celle d’une entreprise qui vendrait des chaises ou des cacahuètes.
 
Vous pouvez tout à fait être une énorme multinationale avec des fonds propres inexistants… Mais une banque, elle, a absolument besoin de fonds propres, c’est la pierre angulaire de son métier.
 
En effet, c’est le montant de ses fonds propres (essentiellement le capital de la banque), qui définira le volume d’activité acceptable pour la banque : plus elle a de fonds propres, plus elle peut prendre de risques et inversement. C’est ce que l’on appelle les ratios de Bâle III.
 
Or, les fonds propres des banques européennes ne sont pas rentables : c’est-à-dire que les investisseurs demandent un rendement, une prime de risque devrais-je dire, plus important que les bénéfices que ces fonds propres permettent de générer.
 
Même la très optimiste Banque de France a relevé le problème dans son dernier rapport en juin dernier, que Patrick Montagner de l’autorité de contrôle prudentiel a commenté :
 
« La banque n’est pas un service public. Cela demeure un commerce, il faut qu’il soit rentable, pour jouer son rôle et assurer le financement de l’économie. Il faut que le modèle d’affaires soit sain, sans prise de risque considérable, et que le retour soit normal et cohérent pour les investisseurs ».
 
Monsieur Montagner admet naïvement que les banques françaises ne sont pas rentables, qu’elles sont trop risquées… Et qu’il faut un retour à la normal, qui n’a pas eu lieu depuis 2008 !
 
Et ce problème est bien plus important qu’il n’y paraît car les banques ont encore 800 milliards d’actifs pourris à solder ou à refinancer dans leurs comptes. Dans le langage feutré de la Banque centrale européenne, on parle d’actifs non-performants.
 
Ces 800 milliards d’euros sont des pertes latentes pour les banques qu’elles doivent éponger avec… leurs fonds propres, leur capital.
 
Les banques doivent donc à tout prix lever du capital, qui n’est pas rentable.
 
Et bien évidemment, elles n’y arrivent pas et c’est bien normal : d emander aux autres d’éponger vos dettes, cela marche rarement (sauf avec l’État, mais comme disait Hollande, quand c’est l’État qui paie, c’est gratuit). 
 

Le nouvel acronyme à fuir : les NPS

Les banques européennes doivent donc absolument trouver des pigeons investisseurs pour investir dans leurs fonds propres, c’est-à-dire les capitaux qui servent de garantie en cas de problème.
 
Leurs cours de bourse chahutés montrent à quel point les augmentations de capital sont délicates voire impossibles. Il reste alors ce que l’on appelle les quasi fonds propres, c’est-à-dire essentiellement les obligations convertibles de la banque, mais celles-là aussi se vendent de moins en moins bien.
 
Alors elles ont inventé un nouveau type d’obligations « Tier 3 » ou « NPS » pour Non-Prefered Senior.
 
Normalement, lorsque vous souscrivez à une obligation de la banque, la dette sera libellée soit senior, soit junior : la junior sera la plus risquée, considérée comme fonds propre alors que la senior ne rentre pas dans la catégorie des fonds-propres. C’est une différence immense le jour où cela tourne mal !
 
Avec les NPS vous avez donc des titres libellés « senior » mais qui rentrent dans la catégorie des fonds propres (mais moins risqués que les juniors tout de même vous disent les banques).
 
Alors soyons très clair, vu les montants en jeu, en cas de défaut de la banque, tous les fonds propres seront mis à contribution, il n’y a pas de gradation. Ce n’est qu’une entourloupe de plus pour vous fourguer leur dette.
 
Ce message vous concerne particulièrement mon cher lecteur, car les banques déploient tous les stratagèmes possibles pour fourguer leurs créances à leurs clients… Ces NPS vous concernent.
 
Et mon conseil d’aujourd’hui : fuyez les NPS comme la peste. Et de manière générale, interdisez à votre banquier de vous faire investir dans les obligations de la banque.
 
Encore une fois, il s’agit de trouver des gens à qui faire endosser les créances pourries des banques, et il y en a encore pour 800 milliards.  Alors même que la prochaine crise arrive.
 
Le premier geste pour vous protéger (mis à jour 18/10/19)
 
Éviter les NPS à tout prix est le premier geste que je vous conseille pour vous protéger de la grande crise des banques européennes.
C’est la première des 5 règles simples que je vous recommande dans la nouvelle édition Risque & Profit.
Ces mesures sont essentielles, non-seulement pour vous éviter d’endosser les pertes des banques, mais également pour libérer vos rendements.
  
À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle
 

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